Les vérités limitantes, source de notre misère mentale.
La critique est un art dont nous, français avons le secret depuis des siècles. Le monde entier nous reconnaît cette aptitude que l’on ne peut classer pour autant comme qualité. Tout devient source de conflit dès lors que le contenu ne va pas dans le sens de nos propres convictions, montrant ainsi notre incapacité à tolérer ce que nous ne pouvons comprendre.
Ce que nous appelons nos vérités, nos certitudes, sont fondées sur notre histoire personnelle, sur notre vécu, notre éducation, notre religion. Nous en faisons les vérités qui délimitent notre monde, pour ne pas dire LE monde. Bref, tout ce qui ne rentre pas dedans est simple bêtise, mensonge ou idiotie de la part des autres. Agissant ainsi, nous nous pensons intelligents de par notre savoir, notre savoir bien entendu, supérieur aux autres, qui eux ne savent rien. Nous limitons le monde et ses possibilités à nos seules connaissances, n’imaginant pas un seul instant, qu’il puisse exister d’autres vérités que les nôtres. Et ceci pour la simple et bonne raison, que c’est nous avons raison, et pas les autres, c’est impossible !
Nous le voyons sur les réseaux sociaux, le moindre post devient source de conflit, puisque l’intelligent est obligé d’y mettre son savoir, de le défendre en critiquant, voire en agressant, les autres. Là encore, nulle autre possibilité que la sienne n’est envisageable. Même se contenter de lire et de réfléchir l’espace d’un instant à une nouvelle vision ou possibilité est, semble-t-il, impossible pour bon nombre. Là encore, convaincu qu’il ne peut exister une autre vérité que la leur.
Les vérités que nous cultivons sont toujours, de par leur essence, limitantes au savoir, puisqu’elles définissent une borne fixe que l’on ne peut dépasser. Elles empêchent bien entendu l’ouverture à tout autre vision que la sienne. Nous les cultivons, pensant cultiver un savoir, une connaissance, alors que par simple logique, elles signent une incapacité d’ouverture d’esprit, l’inverse de n’importe qu’elle forme d’intelligence.
La sagesse est définie par le fait de savoir que nous ne savons rien, et qu’il nous est donc possible, au travers de l’acquisition de nouveaux savoirs, de nous développer. En sortant de nos certitudes limitantes, en acceptant que nous ne savons rien, et qu’il existe ailleurs d’autres vérités, d’autres savoirs, nous nous autorisons à une évolution intellectuelle et philosophique, dont vous coupe toute pensée restrictive quelle qu’elle soit.
Le niveau intellectuel étant actuellement en chute libre dans bon nombre de pays, la population pense se mettre en valeur en tentant d’imposer aux autres un savoir qui frôle bien souvent la misère, sans qu’ils s’en rendent pour autant compte, mais dont ils sont fiers. A ignorer son ignorance, nous frôlons le ridicule sans le voir et l’entretenons au travers d’une vison réduite d’une grande réalité. Nous regardons le monde au travers d’un trou de serrure, et oublions tout ce que cela peut cacher de la réalité qui se trouve de l’autre côté de la porte.
La connaissance ou le savoir ne peut être un domaine borné, encore moins lorsque les bornes sont posées par notre propre savoir, bien souvent insuffisant. La grandeur des hommes, leur charisme, leur sagesse trouvent leurs fondements dans la recherche permanente d’une amélioration de soi, qui ne peut s’obtenir qu’au travers d’un savoir des plus vaste, en permanence ouvert à de nouvelles connaissances. Dans la réalité, nous savons tous que nos vérités d’aujourd’hui finissent bien souvent par devenir nos mensonges de demain, mais embarqué par la recherche de l’ego, le désir de s’imposer, d’écraser l’autre, nous continuons malgré tout à arroser de monde de notre savoir erroné et limité, cherchant dans le regard des autres une forme d’admiration. Nous sommes tellement concentrés sur ce que nous tentons d’imposer comme vision réduite des choses, que nous n’en voyons même plus le ridicule.
Le développement personnel est basé sur l’acquisition de nouvelles valeurs, moins limitantes, et de nouveaux process mentaux afin de sortir de cette vision réductrice de notre monde, pour s’octroyer la possibilité d’avoir une vie meilleure. Toute vision limitante, toute certitude sont forcément des acteurs inverses à cette recherche, et bloquent l’être humain dans sa souffrance. Il n’y a qu’en acceptant de nouvelles valeurs, qui deviennent alors de nouvelles ressources, qu’il nous est possible de transformer notre vie et de l’améliorer. C’est la conservation de nos anciens modes de fonctionnement, ceux qui nous ont amené là où nous en sommes, qui sont les freins à toute progression. Il est donc obligatoire de transformer notre manière trop réductrice de penser, pour penser un autre monde et une autre vie.
Bien entendu, pour percevoir la capacité du changement qu’offre une ouverture d’esprit, encore faut-il être capable d’envisager qu’il nous est possible d’obtenir autre chose du monde, que nous n’avons pas forcément raison, et qu’il pourrait y avoir d’autres vérités qui nous ouvrent les portes d’une vie meilleure. Ce qui est bien difficile lorsque nous sommes sûrs et certains de tout savoir. Dès lors que les autres sont des imbéciles au travers de leurs pensées, votre capacité à changer s’en trouve réduite, puisqu’il vous est même impossible d’imaginer qu’un autre que vous puisse avoir raison.
Ce manque de savoir, de connaissance, et d’ouverture d’esprit fait, de manière obligatoire, jaillir des fonds de notre être, la jalousie, la peur et la frustration des autres, puisqu’ils ne cultivent pas les mêmes vérités que nous. Nous avons toujours horreur de ce que nous ne connaissons pas, de ce que nous ne maîtrisons pas, puisque nous sortons de notre petite zone bien confortable mentalement. Nous le voyons dans la capacité majestueuse du français à être critique de tout, à être autant médecin que politicien ou juriste, dès lors qu’une personne parle. L’obligation de tenter de s’imposer, même en disant des bêtises énormes, ne freine en rien cette largesse d’ego, qui signe un flagrant manque de confiance en soi.
Le manque de connaissance et de savoir, est sûrement le plus grand frein à tout potentiel d’amélioration de soi et de sa condition de vie. A refuser tout ce qui n’est pas possible, tout ce qui n’est pas envisageable pour nous, nous restons enfermés dans des connaissances restrictives et limitantes, qui nous font stagner dans une vie forcément réductrice. La liberté, la paix intérieure, l’amour et la joie, ne peuvent venir que d’une ouverture d’esprit qui nous permet d’envisager l’impossible comme possible, afin d’ouvrir notre vie à des richesses sur lesquelles nous avons tant craché de verve auparavant. L’intelligence n’est pas dans la conviction de la certitude, mais dans le fait d’accepter que l’on ne sait pas grand-chose d’une vision globale qui nous échappe.
Développer son aptitude à pouvoir simplement envisager que tous les autres non pas forcément tort, se permettre de réfléchir sur de nouvelles vérités en cherchant à se renseigner sur le sujet avant de se positionner, et ouvrir son esprit pour lui permettre de douter de nos propres connaissances, vous permet d’élargir vos connaissances et de ne pas rester figé dans un monde trop réduit. C’est bien pour cela que le savoir libère de nos conditions misérables et nous permet d’atteindre des états de bonheur et d’éveil supérieurs.